Savoir interpréter de manière professionnelle est une compétence incontournable à développer dans toutes les professions de la relation d’aide. En s’appuyant sur des modèles théoriques validés empiriquement, interpréter permet de donner un sens aux observations réalisées dans divers contextes de travail. Ces modèles théoriques servent en quelque sorte de lunettes à travers lesquelles on observe une situation donnée.

Comment procéder ?

L’interprétation juste et professionnelle de situations complexes passe d’abord par leur observation rigoureuse et leur description objective. Plus on observe minutieusement et décrit judicieusement une situation, plus l’interprétation qui s’ensuivra sera précise et nuancée. Ensuite, la prise en charge adéquate et une référence vers une évaluation plus poussée bénéficieront de cet éclairage. L’évaluation sera faite par une professionnelle ou un professionnel détenant une expertise pertinente (p. ex. : en psychoéducation, en travail social, en ergothérapie) ou étant habilité à statuer sur la présence d’un trouble mental (p. ex. : en psychologie ou en psychiatrie).

Interpréter implique de se référer à des modèles théoriques qui ont fait l’objet d’une validation empirique assurant ainsi une assise solide à l’interprétation d’une situation. Comme ils constituent des outils de travail, il est important de bien les comprendre avant de s’y appuyer dans un contexte clinique.

Afin d’interpréter correctement une situation, une collecte de données est nécessaire et suppose de récolter, par divers moyens, les informations pertinentes en lien avec une situation. Cet exercice permet ensuite d’identifier les facteurs de protection et les facteurs de risque qui influent sur la situation étudiée. Cette évaluation permet aussi de repérer des éléments cliniques pertinents qui nécessiteraient que l’on recommande une évaluation formelle par une experte ou un expert afin d’avoir un portrait approfondi du fonctionnement d’une personne et d’évaluer la présence ou non d’un trouble de santé mentale. Le travail d’évaluation initial assure également la rédaction de plans d’intervention adaptés. Dans divers contextes de travail, l’ensemble des spécialistes de la relation d’aide peuvent aussi dépister les personnes à risque de présenter un trouble ou détecter des indices cliniques qui pourraient faire l’objet d’une évaluation des troubles mentaux ou neuropsychologiques par une personne habilitée à la faire.

Le diagnostic de troubles mentaux, effectué par une personne qualifiée, peut donc avoir comme point de départ l’évaluation réalisée par plusieurs intervenantes et intervenants en relation d’aide. Cette démarche d’évaluation formelle suppose, quant à elle, un examen complet de la situation qui tiendra compte d’un ensemble d’éléments permettant de dresser un portrait exhaustif de la personne : le détail des problèmes qu’elle présente, une histoire de vie bien documentée, une analyse rigoureuse, nuancée et compréhensible de la situation et des recommandations qui prennent en compte l’ensemble de ces paramètres.

La démarche d’évaluation mènera, si besoin, à un traitement psychothérapeutique adapté aux difficultés que présente la personne. Évaluer et diagnostiquer les troubles mentaux constitue un acte professionnel réservé à quelques spécialistes du domaine de la santé : les médecins, les psychologues, les infirmières et infirmiers spécialisés en santé mentale et les conseillères et conseillers en orientation détenant une attestation de formation. Il s’avère primordial de bien comprendre ce qui constitue un acte réservé et ce qui ne l’est pas afin de respecter le rôle professionnel de chacun et, ainsi, de s’inscrire dans une perspective de travail multidisciplinaire.

En bref, la personne qui effectue l’évaluation initiale d’une situation identifie un ensemble d’éléments cliniques auxquels elle donne sens (interprétation) en s’appuyant sur des modèles théoriques.

Cette évaluation permet de relever et de regrouper des éléments cliniques significatifs qui peuvent, selon les situations, mener à certains tableaux cliniques qui gagneront à être investigués par une personne habilitée à l’évaluation des troubles mentaux.

La professionnelle ou le professionnel qui évalue pourra alors émettre un diagnostic psychologique ou neuropsychologique, selon sa spécialité. Puis, un traitement psychothérapeutique adapté aux besoins de la personne pourra également être recommandé. À noter que le travail de psychothérapie constitue, tout comme celui d’évaluer les troubles mentaux, un acte professionnel réservé, régi par la loi 21.

Balises de rédaction

L’interprétation repose sur un cadre théorique qui résume les idées sur lesquelles s’appuyer ensuite afin d’éclairer les situations observées. L’exercice d’interpréter suppose donc de relater les faits cliniques saillants afin de leur donner un sens en s’appuyant sur des connaissances théoriques.

Pour résumer la pensée d’une autrice ou d’un auteur, il faut, entre autres, respecter les balises suivantes :

1. Ayez recours à des verbes au temps présent.

En employant ce temps verbal, vous situerez votre résumé dans un présent atemporel, qui convient généralement à la reformulation d’idées exprimées par un tiers. Le fait de recourir à un temps passé donnerait l’impression que vous racontez une histoire et non que vous rapportez des idées.

2. Utilisez des connecteurs textuels.

Dans les passages où se côtoient la théorie, les faits et leur interprétation, ce sont les connecteurs textuels (voir la liste de connecteurs textuels) qui servent à créer des liens entre les éléments.

3. Formulez des phrases simples.

Pour optimiser l’efficacité des idées importantes exprimées dans le texte ou la théorie que vous synthétisez, construisez autant que possible des phrases simples, c’est-à-dire qui ne contiennent qu’une seule idée ou un seul verbe conjugué.

Balises d’écriture

Pour interpréter de manière professionnelle et rigoureuse, il faut, entre autres, respecter les balises d’écriture suivantes :

1. Faites parler les faits grâce à la théorie.

Utilisez des connecteurs logiques qui marquent les relations entre les éléments théoriques et les éléments factuels (p. ex. : ainsi, c’est pourquoi, en effet, etc.).

2. Utilisez le temps présent pour rapporter les faits.

Le présent de caractérisation (descriptif) sert à faire des descriptions précises des lieux, des actions, de l’atmosphère et des personnes, par exemple, au moment de l’action ou après coup. Dans les passages où les paroles sont rapportées sous forme de discours direct (entre guillemets), il importe de respecter le temps des verbes. Pour faire une modification du discours original, il faut donc utiliser les crochets […].

3. Nuancez vos affirmations à l’aide de verbes au conditionnel présent.

Certains rapprochements entre les faits et la théorie constituent des hypothèses. Pour cette raison, il importe de nuancer vos affirmations en employant, par exemple, le mode conditionnel ou des verbes qui signalent une hypothèse, comme « sembler » ou « pouvoir ».

Outil rédactionnel

Le correcticiel Antidote, bien plus qu’un simple outil de correction des fautes, vous permet de filtrer votre texte. En choisissant les bons filtres, vous pourrez repérer les passages de votre interprétation qui pourraient manquer de nuance et faire les modifications du texte en conséquence.

Résumer la théorie

  1. Phrases simples
    • Style/Lisibilité/Phrases longues
  2. Verbes conjugués au présent de l’indicatif
    • Inspection/Conjugaison/Indicatif
    • Statistiques/Temps
  3. Connecteurs textuels
    • Révision/Logique/Charnières

Interpréter les faits

  1. Temps des verbes
    • Inspection/Conjugaison/Indicatif/Conditionnel
    • Statistiques/Temps
  2. Connecteurs textuels
    • Révision/Logique/Charnières

Balises de rédaction rédigées par l’équipe Repfran du Cégep de la Gaspésie et des Îles, campus de Gaspé, Kellie-Anne Samuel, (2018). Document révisé par Jessica O’Connor et Valérie Synnott, (2024).

Références

BOUDREAU, J.P. (2014). Pas de potion magique sans Panoramix : accompagner les élèves à l’écrit à l’aide du logiciel Antidote. Correspondance, vol. 19, no2. [En ligne], https://correspo.ccdmd.qc.ca/document/haro-sur-lecole/pas-de-potion-magique-sans-panoramix-accompagner-les-eleves-a-lecrit-a-laide-du-logiciel-antidote/

LIBERSAN, L. (2013). Le rapport de stage. Stratégies d’écriture dans la formation spécifique. Centre collégial de développement de matériel didactique (Amélioration du français) [en ligne], https://www.ccdmd.qc.ca/fr/strategies_ecriture/

Ordre des psychologues du Québec, (2023, 2 novembre). Que font les psychologues? https://www.ordrepsy.qc.ca/fr/que-font-les-psychologues

Gouvernement du Québec, (2021). Des compétences professionnelles partagées en santé mentale et en relations humaines : la personne au premier plan. Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Guide explicatif. https://www.opq.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/Publications/Guides/2020-21_020_Guide-explicatif-sante-rh-28-04-2021.pdf

Gouvernement du Québec. (2024). Vitrine linguistique. Office québécois de la langue française. https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/