Bien observer est le point de départ d’une interprétation professionnelle de situations complexes. Plus on observe avec rigueur, plus la description des situations et les interprétations qui s’ensuivront seront précises et nuancées.

L’observation peut porter sur le contenu des propos de la personne ainsi que sur son langage non verbal. Dans l’exercice d’observer objectivement, il importe que la personne qui observe considère l’influence de ses états émotionnels au moment où elle observe ainsi que ses propres biais perceptuels.

Comment procéder ?

Pour effectuer une interprétation juste et professionnelle de situations complexes, l’observation est un outil primordial. En contexte de relation d’aide, il est possible que la personne qui observe soit confrontée à des situations qui contreviennent à ses valeurs, qui la surprennent ou qui la touchent plus particulièrement d’un point de vue affectif. Il importe donc de prendre conscience de ce qui peut brouiller le travail d’observation. De plus, afin d’observer, il convient de se fixer un objectif d’observation. Que souhaite-t-on documenter? La quête identitaire de la personne, sa régulation émotionnelle ou encore son style d’attachement? Il faut ensuite déterminer des éléments précis sur lesquels se concentrer lors de la cueillette d’informations. Observer suppose de s’abstenir de jugement et de s’en tenir à recueillir des éléments cliniques factuels.

L’observation peut porter sur le contenu des propos de la personne. Dans le cadre d’une observation clinique, il est possible de relever ce que la personne choisit de divulguer. Ces observations assureront par la suite une interprétation plus objective et plus juste de la situation. Des propos exempts d’émotions ou encore chargés émotivement peuvent aussi fournir des informations sur l’état d’esprit de la personne alors qu’elle raconte son histoire. Ces indications enrichiront l’interprétation.

L’observation peut aussi porter sur le langage non verbal de la personne, c’est-à-dire la façon dont son propos est modulé par un ensemble d’indices non verbaux. Il peut s’agir des pauses et silences, des soupirs, du ton utilisé, du volume de la voix, des tics langagiers, du débit, de la cohérence du discours ou encore de l’apparence, de la posture ou du regard, par exemple. Le langage utilisé par la personne peut également donner des indications sur son état : est-il vulgaire, familier, populaire, courant ou soutenu? Les comportements de la personne observée peuvent aussi être rapportés. Si elle bouge beaucoup alors qu’elle parle ou si, au contraire, elle est immobile; son comportement peut traduire son état émotif. Toutes ces indications sont utiles à prendre en compte.

Aussi, afin d’effectuer une observation objective, il est primordial que l’observatrice ou l’observateur soit conscient des biais qui peuvent affecter la neutralité de ses observations. Chaque individu est influencé par son propre vécu, ses propres attentes par rapport à la situation observée, sa culture et son éducation (Gamble et Gamble 2017). De plus, des variables personnelles peuvent ponctuellement biaiser les observations. Par exemple, si une personne est fatiguée ou stressée, il est possible que son attention soit affectée négativement, ce qui pourrait mener à une observation incomplète. La personne peut aussi être portée à relever uniquement des faits qui confirment ses attitudes, attentes et valeurs (exposition sélective), ou encore à accorder de l’attention seulement à ce qui l’intéresse dans la situation (attention sélective) (DeVito, Chassé et Vezeau, 2019; Gamble et Gamble 2017).

Voici donc un répertoire des principaux biais qui peuvent influencer l’observation et la perception d’une situation. Il appartient alors à la personne qui observe de repérer ceux qui l’affectent et qui pourraient influencer le regard qu’elle porte sur une situation.

Selon les situations à observer et la façon dont celles-ci touchent l’observatrice ou l’observateur, des biais différents peuvent se mettre en place. Pour développer son habileté à interpréter, il faut donc s’exercer à bien observer et à rester à l’affût de ses biais perceptuels. Pour éviter que ces derniers teintent les observations, il est fondamental de toujours remettre en question ses propres perceptions.

Références

DEVITO, J. A., CHASSÉ, G. et VEZEAU, C. (2014).La communication interpersonnelle, 3e édition, St-Laurent, Éditions du renouveau pédagogique.

GAMBLE, T. et GAMBLE, M. (2017).Communiquer et interagir, 2e édition, Montréal, Chenelière éducation.